Cher amis du lycée Claret,
Nous n’avons pas eu l’occasion de nous parler hier lors de la journée de remise du Prix. Alors je prends ma plume pour vous dire combien j’ai adoré votre prestation autour de Ma Reine. Pour moi c’était l’une des plus réussies avec celle qui a eu le prix – et pas parce qu’elle concernait mon livre. Juste parce qu’elle était magnifique. Je tenais à vous écrire pour vous le dire.
Pour être honnête, et même si j’aimerais préserver mon image de dur, j’avoue avoir eu les larmes aux yeux quand vous avez commencé tellement c’était beau. J’ai adoré les dessins, j’ai adoré l’idée des transparences, j’ai adoré la musique. C’était incroyablement poétique. Incroyablement beau. J’ai adoré les élèves assis face à l’écran, face à ce spectacle, ça aussi c’était magique, une belle idée de scénographie. J’ai adoré la version acoustique d’Hotel California, je crois que c’était sur le second tableau. Et le tableau avec les coccinelles m’a refilé les larmes aux yeux. Je n’avais jamais vu mon roman comme ça.
Et vous savez quoi? J’ai adoré jusqu’au générique final à l’envers. Ça vous a peut-être ennuyé, parce que vous vouliez que tout soit parfait au millimètre près, mais ça a donné de la vie à une performance, de l’émotion. Vous ne vous êtes pas démontés, vous avez travaillé sans filet, bravo. Si vous voulez tout savoir, quand j’ai fait mon tour de magie je me suis planté sur un détail moi aussi, mais personne ne s’en est aperçu. Bref, aucune importance. Vous êtes montés sur scène et vous en êtes descendus vivants. Personne n’en a rien eu à faire de votre générique à l’envers et tout le monde a adoré votre performance. On m’en a beaucoup parlé après.
J’espère que vous comprenez que vous avez deux victoires à votre actif:
– vous exposer à être jugés. C’est dur, oui. Mais en ce qui me concerne, je préfère mille fois monter sur scène, dans la vie, que de me terrer dans les coulisses. Personne ne peut me dire ce que je vaux. Je fais les choses avec toute mon âme, et ça me suffit. Ne vous cachez jamais dans les coulisses de votre propre vie.
– votre deuxième victoire est artistique. Vous avez donné une performance sublime, qui restera dans les mémoires.
Je n’espère qu’une chose: que vous en prendrez conscience. Que vous ne laisserez pas la peur vous souffler de ne pas recommencer. Et que vous remonterez sur scène, un jour, pour donner à d’autres spectateurs autant d’émotions qu’hier.
Merci aussi à vos professeurs et aux intervenants qui vous ont accompagnés. Ils vous ont prouvé que vous étiez quelqu’un que vous ne pensiez pas être, peut-être. Que vous aviez de la magie dans les mains.
La seule erreur que vous pourriez faire, à l’avenir, c’est de ne rien faire de cette magie.
Vos peurs, vos doutes, vous souffleront peut-être que je suis trop gentil, poli, que j’exagère. Alors laissez-moi être cash : j’ai assez de choses à faire dans la vie pour ne pas m’emmerder à écrire des mails polis et gentils. Si je le fais, si je prends cette demi-heure sur un emploi du temps chargé, c’est que j’en pense chaque mot.
Je vous embrasse tous!
Jean-Baptiste Andrea romancier Ma reine